L’Art déco : naissance d’une modernité élégante

« Le luxe n’est pas l’ennemi de la modernité, il en est parfois la forme la plus accomplie. »

Émile-Jacques Ruhlmann



Né dans l’entre-deux-guerres, l’Art déco incarne une volonté de modernité élégante, optimiste et résolument tournée vers le progrès. À la croisée de l’art, de l’artisanat et de l’industrie, ce mouvement marque une rupture avec les courbes organiques de l’Art nouveau pour affirmer un langage plus géométrique, structuré et stylisé. Aujourd’hui encore, l’Art déco fascine par son raffinement, son sens du détail et sa capacité à conjuguer innovation formelle et savoir-faire traditionnel.

Paris, berceau historique du mouvement, célèbre actuellement l’Art déco à travers deux expositions majeures :

À la Cité de l’architecture et du patrimoine, l’exposition met en lumière les liens étroits entre Art déco et architecture, révélant comment ce style a façonné façades, intérieurs et paysages urbains au début du XXᵉ siècle à travers l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris qui s’est tenue en 1925. L’exposition offre une reconstitution immersive de l’Exposition de 1925, notamment grâce à une maquette virtuelle. Les visiteurs peuvent redécouvrir les édifices emblématiques et les parcours créatifs des grands noms de l’architecture moderne, tout en explorant les liens entre leurs œuvres et le concept émergent de modernité.

CITÉ DE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE - 1, place du Trocadéro et du 11 novembre 75016 PARIS

jusqu’au 29 mars 2026

Au musée des Arts décoratifs, cent ans après l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 qui a propulsé l’Art déco sur le devant de la scène mondiale, le MAD célèbre ce style audacieux, raffiné et résolument moderne. Scénographie immersive, matériaux somptueux, formes stylisées et savoir-faire d’exception composent un parcours vivant et sensoriel, où l’Art déco déploie toutes ses facettes. L’exposition se termine de façon spectaculaire sur le mythique Orient Express, véritable joyau du luxe et de l’innovation.

MAD - 107-111, rue de Rivoli 75001 Paris

jusqu’au 26 avril 2026

L’Art déco : élégance, savoir-faire et modernité

Né dans l’entre-deux-guerres, l’Art déco s’impose comme l’un des mouvements artistiques les plus emblématiques du XXᵉ siècle. Plus qu’un style, il constitue une véritable vision du monde, où l’art, l’artisanat et l’industrie dialoguent pour façonner une modernité élégante, optimiste et maîtrisée. Architecture, mobilier, arts décoratifs, graphisme, mode, joaillerie ou encore cinéma : l’Art déco irrigue tous les champs de la création et ambitionne une esthétique globale, cohérente et raffinée.

Aux origines de l’Art déco

Le terme « Art déco » trouve son origine dans l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, organisée à Paris en 1925. Cette manifestation marque l’aboutissement d’une recherche entamée dès les années 1910, en réaction aux courbes végétales de l’Art nouveau et aux historicismes du XIXᵉ siècle.
L’Art déco privilégie la géométrie, la symétrie, la stylisation des formes et une certaine rigueur formelle, tout en conservant le goût du luxe, des matériaux nobles et du savoir-faire artisanal.

Architecture : une modernité monumentale

En architecture, l’Art déco se traduit par des volumes affirmés, des façades ordonnancées, des décors sculptés intégrés à la structure. Les motifs géométriques, bas-reliefs, ferronneries stylisées et jeux de matériaux deviennent des signatures visuelles fortes.

En France, des édifices comme le Palais de la Porte Dorée, le Théâtre des Champs-Élysées ou certains immeubles parisiens illustrent cette alliance entre tradition constructive et modernité décorative. À l’étranger, l’Art déco s’épanouit dans les gratte-ciel américains (New York, Chicago), mais aussi à Miami, Mumbai ou Casablanca, donnant naissance à des variations locales du style.

Mobilier et arts décoratifs : l’excellence artisanale

Le mobilier Art déco incarne une recherche d’équilibre entre fonctionnalité, élégance et prestige. Les grands décorateurs et ébénistes — Émile-Jacques Ruhlmann, Paul Follot, Eugène Printz, Süe et Mare — conçoivent des meubles aux lignes épurées, réalisés dans des bois précieux, parfois enrichis d’ivoire, de laque, de bronze ou de galuchat.

Les arts décoratifs occupent une place centrale : verrerie, céramique, orfèvrerie, textiles, laques, papiers peints participent à la création d’intérieurs conçus comme des œuvres d’art totales, où chaque détail compte.

Arts graphiques, mode et joaillerie

L’Art déco influence profondément le graphisme et l’affiche, avec des compositions lisibles, des typographies audacieuses et des couleurs franches. Dans la mode, les silhouettes se libèrent : lignes droites, tailles basses, ornements géométriques, reflet d’une société en mutation.

En joaillerie, des maisons comme Cartier, Boucheron ou Van Cleef & Arpels développent des créations structurées, inspirées par l’Orient, l’Afrique ou l’Égypte, intégrant pierres précieuses et motifs abstraits avec une précision architecturale.

Cinéma, luxe et art de vivre

Le cinéma des années 1920–1930 diffuse largement l’esthétique Art déco à travers ses décors, ses costumes et ses affiches. Le mouvement devient indissociable d’un art de vivre moderne, associant confort, élégance et progrès technique. Paquebots, hôtels, grands magasins et intérieurs bourgeois deviennent les vitrines de ce style international.

Un mouvement international : de Paris au monde

Rapidement, l’Art déco dépasse les frontières françaises pour devenir un style international. Chaque pays l’adapte à sa culture, à ses matériaux et à son contexte social.

Aux États-Unis, il prend une dimension monumentale, notamment dans les gratte-ciel new-yorkais comme le Chrysler Building, où la verticalité, les motifs géométriques et les matériaux industriels exaltent la puissance de la modernité.
En Europe, il s’impose à Bruxelles, Londres, Berlin ou Milan, parfois teinté de rationalisme ou de classicisme.
En Amérique latine, notamment à Rio ou à Buenos Aires, il devient un symbole de progrès et de cosmopolitisme.

Ainsi, l’Art déco se révèle pluriel : à la fois décoratif et fonctionnel, luxueux et industriel, local et universel.



À travers tous les domaines artistiques et artisanaux, l’Art déco affirme une vision optimiste du monde, où la beauté est pensée comme un moteur du progrès. Mouvement total, il demeure aujourd’hui encore une source d’inspiration majeure, rappelant que la modernité peut être à la fois rationnelle, décorative et profondément humaine.



1925 : l’Exposition internationale des arts décoratifs, acte fondateur

Le terme même « Art déco » trouve son origine dans un événement majeur : l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, organisée à Paris en 1925. Inaugurée le 28 avril 1925 entre le Grand Palais et les Invalides, l’Exposition Internationale reflète le bouillonnement créatif d’une société d’après-guerre en pleine transformation. Véritable tremplin pour le style Art déco, elle met en avant des personnalités visionnaires tels qu' Auguste Perret, Henri Sauvage, Le Corbusier et Robert Mallet-Stevens. Sous la direction de Charles Plumet, les pavillons audacieux construits pour l’occasion explorent de nouvelles approches architecturales, urbaines et décoratives, en dialogue étroit avec la nature.

Pensée comme une vitrine du savoir-faire français, elle rassemble architectes, décorateurs, artistes et industriels autour d’un objectif commun : affirmer une esthétique résolument moderne, adaptée à son époque. Les pavillons, les intérieurs et les objets exposés incarnent une vision nouvelle de l’art appliqué à la vie quotidienne.

L’exposition consacre l’Art déco comme un style à part entière et lui donne une reconnaissance internationale. Elle marque aussi l’aboutissement d’un idéal : celui d’une alliance harmonieuse entre art, industrie et société.

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La couleur en architecture